Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 Mar

Congo : L’opposition dénonce un hold-up électoral de Sassou

Publié par Mireille Patricia Abié  - Catégories :  #Politique

Trois jours après ce scrutin qui cristallise les passions,  la tension ne cesse de monter au Congo.
Trois jours après ce scrutin qui cristallise les passions, la tension ne cesse de monter au Congo.

La Commission nationale électorale indépendante du Congo a donné les résultats partiels de l’élection présidentielle du dimanche 20 mars dernier. Le Président Denis Sassou Nguesso est crédité de 67,02% des voix. L’opposition qui revendique elle aussi la victoire parle de hold-up électoral.

Au Congo où s’est tenu le premier tour de l’élection présidentielle le dimanche dernier, c’est en ce moment la grande confusion. Les autorités avaient décidé de couper toutes les télécommunications (téléphone, internet, SMS) dans le pays pour 48 heures dimanche et lundi "pour des raisons de sécurité et de sûreté nationales" afin d'empêcher l'opposition de publier des "résultats illégaux". C’est, donc, coupés du reste du monde que les Congolais ont voté dimanche pour une élection présidentielle opposant huit candidats au chef de l'Etat sortant Denis Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans de pouvoir. Trois jours après ce scrutin qui cristallise les passions, la tension ne cesse de monter. Et si en l'absence de communications téléphoniques, les journalistes présents à Brazzaville n'ont pas été en mesure d'obtenir d'informations de sources indépendantes sur le déroulement du scrutin, dans le reste du pays des bruits ont tout de même fuité hier. En rajoutant encore plus à la confusion. Selon plusieurs medias internationaux, le chef de l'Etat sortant Denis Sassou Nguesso est en tête de la présidentielle avec 67,02% des voix. La CNEI place en deuxième position le candidat d'opposition Guy-Brice Parfait Kolélas avec plus de 16% des voix, devant le général Jean-Marie Michel Mokoko, autre candidat d'opposition (plus de 7%). Les résultats provisoires publiés portent sur 59% du corps électoral et ne comprennent pas ceux de Pointe-Noire, la capitale économique du pays et bastion de l'opposition, a précisé le président de la Commission nationale électorale indépendante (CNEI), Henri Bouka. "Attendons d'avoir le détail mais à ce stade, on peut anticiper sur une victoire au premier tour", à réagi devant la presse Thierry Moungalla, porte-parole de l'équipe de campagne du président et du gouvernement. Ce que réfute l’opposition qui a créé une "commission technique" parallèle (CTE) pour surveiller le déroulement du vote et compiler ses propres résultats. Une initiative qualifiée d'"illégale" par le pouvoir. Dans un communiqué le Général Mokoko dit qu'il arrive en tête des 9 candidats mais qu'aucun ne dépasse 50%, il dénonce des fraudes massives. L’opposition dénonce aussi un hold-up électoral du camp présidentiel. « Une cinquantaine de policiers armés et cagoulés nous ont encerclés au siège du FROCAD à DIATA en fin de journée alors qu’Henri Bouka venait d'annoncer les résultats de la CNEI, des résultats partiels, extravagants et en décalage total avec la réalité du terrain. Je dénonce avec fermeté ces manœuvres du pouvoir qui ne sont là que pour gagner du temps, tester les réactions et intimider l’Opposition », a expliqué Charles Zacharie Bowao, ancien ministre de la Défense, désormais opposé au Régime de Sassou .

Risque d’implosion

Jugeant à l'avance le scrutin biaisé, cinq candidats d'opposition ont appelé le peuple à "exercer sa souveraineté" si le président sortant l'emporte dès le premier tour, comme celui-ci l'a promis à ses partisans. Il semble que certains soient déjà prêts à joindre l’acte à la parole. « Je ne me laisserai pas intimider et protègerai les vrais résultats que compilent actuellement la CTE. J'irai jusqu'au bout pour servir les Congolais » a déclaré Charles Zacharie Bowao face à la presse. Mais au sein même de l’opposition les sons de cloche sont divergents sur le sujet. Dans l'équipe de campagne de M. Kolélas, on fait part d'"inquiétudes" vu que certains opposants se disent prêts à en découdre avec le pouvoir dans la rue. M. Kolélas a quant à lui promis de contester les résultats, si besoin était, par des voies légales. "La crainte, c'est que le pays implose. Nous ne voulons pas d'une ‘’burundisation’’ du Congo", explique un de ses proches. On note également des craintes d'une partie de la population toujours hantée par le spectre des guerres civiles de la décennie 1990 et du début des années 2000, ou marquée par le souvenir plus récent des troubles meurtriers ayant accompagné la campagne référendaire d'octobre. Du côté de la communauté internationale, ce n’est pas non plus la grande sérénité. "Ce scrutin s'est déroulé dans un contexte préoccupant", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, soulignant la "vigilance" de la France et son "attachement à la transparence et à l’équité du processus électoral à toutes ses étapes". L'Union européenne a de son côté encouragé "tous les acteurs politiques à recourir aux voies légales pour résoudre leurs différends" et appelé les autorités à rétablir les moyens de communication. L'UE n'a pas envoyé d'observateur, estimant que les conditions d'un scrutin "démocratique" et "transparent" n'étaient pas réunies. L'ONU avait aussi appelé au calme, exhortant "les partis politiques, les candidats et leurs partisans à résoudre les différends qui pourraient survenir par le dialogue et les procédures légales établies". Affirmant avoir noté "de nombreux rapports d'irrégularités qui constituent une source d'inquiétude quant à la crédibilité du processus" électoral, le département d'Etat américain a demandé "à tous les dirigeants politiques de renoncer à la violence et appeler leurs partisans au calme", et plaidé lui aussi pour le rétablissement des communications.

Mireille Patricia Abié

Commenter cet article