Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 Apr

Côte d’Ivoire : Douze ans après le bombardement du camp de Bouaké : Dominique de Villepin cité comme acteur clé d’un complot d’Etat

Publié par Mireille Patricia Abié  - Catégories :  #Politique'

Sept mois avant le bombardement, Dominique de Villepin était ministre des Affaires étrangères
Sept mois avant le bombardement, Dominique de Villepin était ministre des Affaires étrangères

Rebondissement dans l’affaire du camp militaire français de Bouaké en Côte d’Ivoire. Douze ans après les faits, un témoin révèle un complot de l’Etat français et le rôle clé joué par Dominique de Villepin à l’époque ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac.

Douze ans après, l’affaire du bombardement du camp militaire français de Bouaké en Côte d’Ivoire livre des secrets. Le Mercredi 6 avril, l’audition de l’homme d’affaires Jacques Dupuydauby par la juge Sabine Khéris a donné lieu à des révélations. Selon les informations, il a raconté avoir déjeuné en 2007 avec l'ancien ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, une amie de longue date. « Elle m'a indiqué que dans cette affaire toutes les décisions avaient été prises par son collègue, Dominique de Villepin », alors ministre de l'Intérieur, et qu'« en ce qui concernait l'aspect pratique et opérationnel des événements », c'était un grand groupe français qui s'en était chargé, « tant en ce qui concernait les armes que les mercenaires ». Dans ce nouveau témoignage qui vient grossir un dossier qui comporte déjà plusieurs dizaines de milliers de pages, Jacques Dupuydauby soutient même que cette version lui a été confirmée début juillet 2012 par l'actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. « Il m'a dit qu'il avait consulté ses services de renseignements », précise l’homme d’affaires qui « connaît depuis plus de 30 ans » Jean-Yves Le Drian. . En 2012, Jacques Dupuydauby avait déjà livré ce même témoignage sur l'affaire Bouaké à la brigade financière qui instruisait une autre affaire. Il s'est manifesté auprès des parties civiles en février dernier en apprenant que l'instruction Bouaké n'était pas close. Et même si l'ancien industriel, qui a notamment géré des ports au Gabon et Togo, n’est pas assez précis sur ce qu’aurait été le rôle exact de Dominique de Villepin, ce qu’il y a à retenir c’est que ce témoignage apporte de l'eau au moulin de la juge d'instruction qui a sollicité auprès du procureur le renvoi du ministre, ainsi que celui de Michèle Alliot-Marie et Michel Barnier, devant la Cour de justice de la République.

Complot d’Etat

Sept mois avant le bombardement, Dominique de Villepin était ministre des Affaires étrangères et avait participé activement à la signature des accords inter-ivoiriens de Linas-Marcoussis. Plusieurs sources confirment qu'il continuait de s'intéresser à la crise ivoirienne même après avoir quitté le Quai d'Orsay. Si bien que pour Jean Balan, l'avocat de la plupart des parties civiles, ce témoignage, qu'il juge « très crédible », renforce sa conviction « qu'une camarilla française est à l'origine du bombardement sur le camp de la force Licorne ». Il aurait, selon lui, eu pour but de pousser l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo à la faute et le destituer. « L'armée, le Parlement, le gouvernement et les médias ont été manipulés. Depuis 11 ans, on a tout fait pour cacher la vérité. L'audition de Dominique de Villepin en février 2008 est sans doute le plus gros mensonge du dossier. Il a affirmé ne rien savoir alors que c'était la personne la plus informée du dossier ivoirien ! », a déclaré Me Balan. Un son de cloche assez proche de celui de la juge Sabine Khéris qui estime qu’il y a eu une « concertation au plus haut niveau de l'Etat » français pour ne pas que la vérité soit sue. A l’en croire, « tout a été orchestré afin qu'il ne soit pas possible d'arrêter, d'interroger ou de juger les auteurs biélorusses du bombardement. » Pour rappel, le 6 novembre 2004, le bombardement du camp français de Bouaké par l'aviation ivoirienne avait coûté la vie à neuf soldats français et un américain. En représailles, la France avait détruit toute la flotte de l’armée ivoirienne. Douze ans plus tard, alors qu’on croyait l'instruction de l'affaire Bouaké terminée, la juge avait sollicité, en février dernier, le renvoi de trois anciens ministres de Jacques Chirac devant la Cour de justice de la République pour avoir entravé le travail de la justice.

Mireille Patricia Abié

Commenter cet article